Ton enfant est-il un « autiste des écrans »?

As salamou aleykoum mes chères soeurs,

J’espère que vous allez bien =)

Aujourd’hui, nous aborderons le thème de la dépendance aux écrans chez les enfants, les causes de cette dépendance et les conséquences engendrées par celles-ci.

Bismilleh.


La dépendance aux écrans des enfants

« Un des facteurs pronostic les plus forts pour savoir combien les enfants vont passer de temps devant les écrans, c’est combien leurs parents passent de temps devant les écrans. Ce qu’il ne faut pas oublier en tant que parents, c’est que, nous, on est les modèles. Une grande partie de ce que les enfants apprennent, ils les apprennent tout simplement en nous regardant. Pas avec ce qu’on leur dit de faire. C’est vraiment: ils nous regardent et ils font comme nous. Ils veulent faire comme nous. Et si nous, on a des difficultés à réguler notre lien avec les écrans, c’est clair que ça va être difficile pour nos enfants de le faire. » Si ce qu’on propose d’autre comme aller dehors, jouer… l’écran devient moins attractif. (Dr. Russia Ha-Vinh Leuchter (Médecin adjoint serv. développement enfant – HUG)

Certains parents sont fiers de montrer l’habileté de leur enfant sur les tablettes, Ils ne se doutent pas que trop d’écrans trop jeune entrave leur développement.

Les enfants qui sont surexposés aux écrans présentent des comportements autistes. Ils ne regardent pas la personne avec laquelle ils parlent. Ils interagissent très peu. Ils ne jouent pas. Ils n’échangent pas avec leurs interlocuteurs. (Ruth Hynek Hlavizna – Orthophoniste)

Un usage précoce est excessif des écrans nuit au développement de l’enfant.

En effet, de plus en plus de professionnels de la petite enfance s’inquiètent. On a eu beaucoup de signalements d’enfants petits sans langage chez lesquels on se rendait compte qu’il y avait ces téléphones, tablettes qui étaient donnés de plus en plus vite, de plus en plus, et de plus en plus tôt. Ça commence franchement à être un problème de santé publique. (Ruth Hynek Hlavizna – Orthophoniste)

D’ailleurs, certains fabricants n’hésitent pas à faire miroiter l’aspect « éducatif » de leurs vidéos. Les parents croient ainsi que leur enfant va acquérir de précieuses connaissances. Des professionnels reçoivent des enfants qui connaissent des mots en anglais mais qui ne savent pas communiquer. Ce sont des apprentissages qui viennent des écrans. Ce que les enfants doivent apprendre dans les 2 premières années par rapport au langage, c’est tout d’abord la communication. C’est qu’en fait, le langage, ça sert à communiquer. L’alphabet en anglais, ça ne sert pas à communiquer et du coup: ça ne sert à rien à cet âge-là!

Ce que l’enfant doit apprendre, c’est de communiquer. Et ce qui est magnifique, c’est que les bébés ont une envie innée de communiquer. Les bébés ont un attrait inné pour les visages humains, pour la voix humaine. Ce sont des aspects de la communication que l’on ne peut apprendre uniquement avec une personne qu’on aimerait comprendre ce qu’elle nous dit, à qui on aimerait dire ou montrer quelque chose. Et là, l’écran n’a aucune place parce qu’on n’a rien à dire à l’écran.

L’autre effet pervers d’Internet, c’est cette sollicitation sans fin. Une vidéo est terminée, une autre est systématiquement proposée. Sans intervention de l’adulte, l’enfant seul devant sa tablette peut donc rester des heures, happé par l’écran. Il y a un certain nombre d’enfants qui passent énormément, énormément de temps devant les écrans. On a vraiment l’impression que maintenant, il faut des messages forts pour expliquer aux parents l’impact de cet attrait tellement fort devant les écrans. Il y a vraiment de la prévention à faire dans tous les sens. Ce qui est clairement avéré dans les études, c’est que l’exposition intensive aux écrans dans les deux premières années de vie a des conséquences négatives sur le développement, en particulier sur le langage et la communication. Ça, c’est clairement avéré. L’enfant naît avec un potentiel immense, mais qui doit être après nourri par l’expérience. C’est par l’expérience que le cerveau va se développer, développer les connexions qui sont pertinentes à son développement.

Les professionnels de la petite enfance estiment que le temps passé devant les écrans est soustrait à celui nécessaire pour acquérir des compétences de base. Les apprentissages cognitifs, moteurs et émotionnels doivent se faire dans la vie réelle et en 3 dimensions.

L’environnement dans lequel l’enfant grandit est lui aussi primordial.

Il y a une étude française sur des enfants âgés entre 3,5 et 6,5 ans qui montre très bien que ceux exposés à un écran le matin avant l’école ont 6 fois plus de risques de développer des troubles du langage. D’autre part, une médecin française a créé la polémique quand elle a posté une vidéo sur le lien possible entre écrans et autisme. Ce lien de cause a effet n’a pas été démontré. Mais chez des enfants nés avec un spectre de l’autisme, ces écrans agiraient encore plus comme des aimants.

Noa a 2 ans. Elle a été surexposée aux écrans depuis toute petite. Ses parents ignoraient totalement les répercussions que cela pouvait avoir sur son développement. « Elle n’était pas là. Elle ne parlait pas avec nous. Elle ne partageait pas, elle ne montrait pas un jeu. Elle ne voulait pas partager avec toi. Elle voulait que être dans son monde avec sa télévision, avec ses dessins. Les seules choses qu’elle répétait, c’étaient les chansons des vidéos qu’elle entendait. Il n’y avait pas une communication. Elle était tellement dans ça, qu’elle n’était pas avec nous. » (Maman de Noa)

« Quand on est allé chez la pédiatre, quand Noa avait 1 an, elle a directement dit qu’il y a un souci du type autiste. Donc du coup, c’est un choc très grand qu’on a. Puis on lui a raconté aussi qu’elle avait les écrans dans sa vie. Et elle nous a dit qu’il fallait tout de suite arrêter, que ce n’était pas du tout à conseiller pour les moins de trois ans. Et on a tout de suite arrêté. » En raison du doute qui subsiste sur son diagnostic, Noa est aujourd’hui suivie dans un centre spécialisé en autisme, à Genève. Par ailleurs, l’avalanche de nouveaux écrans a beaucoup compliqué la tâche des professionnels dans l’identification de nouveaux troubles.

« La surexposition aux écrans amène des tableaux cliniques que l’on ne connaissait pas il y a 20 ans. Pour nous, en tant que professionnels, c’est assez clair que les écrans ne causent pas l’autisme. Parce que l’autisme est une maladie congénitale – c’est-à-dire que l’enfant naît avec. Mais maintenant, on a des familles qui viennent et on voit des enfants qui ont des symptômes qui peuvent ressembler à ceux de l’autisme. Et nous, on a cette question: est-ce que c’est de l’autisme? Ou est-ce que c’est quelque chose qui est en lien avec les écrans? Ou alors c’est quelque chose d’un peu plus complexe, c’est-à-dire: c’est un enfant qui avait des symptômes de l’autisme mais qui, en plus, a été exposé à un écran, qui fait qu’on voit ça de manière assez flagrante? » (Dr. Marie Schaer, Médecin responsable contre consultation spécialisé Autisme)

C’est ce qui est arrivé à Salma, aujourd’hui âgée de 4 ans. Après un bilan complet, elle est diagnostiquée depuis peu avec un trouble du spectre de l’autisme. Démunis face aux difficultés de leur fille, ils ont pensé l’aider grâce aux écrans. 3Pour moi, elle apprenait quelque chose. Elle savait déjà, à deux ans, compter jusqu’à 10. Elle chantait. Elle était contente et tout ça. Et on a dit « ben, on lui achète une tablette » (Mahi, papa de Salma)

« C’est la chose qui l’a fait calmée. Le seul objet avec lequel elle arrive à rire, parce qu’elle va sur Youtube, elle va chercher ses comptines, elle va rigoler. C’est vrai que quand on voit notre enfant qui sourit, qui est heureux, qui joue. On se dit que c’est bien c’est une bonne chose… » (Amina, maman de Salma).

« Ce qu’on faisait, c’est qu’on était en train de créer un enfant qui est dans les écrans, qui vit dans un monde virtuel. » (papa de Salma)

Si tous les enfants sont attirés par les écrans, ceux qui ont un trouble du spectre de l’autisme le sont d’autant plus. Une attirance qui s’explique par leur syndrome.

« Une des choses qui caractérise les enfants qui sont sur le spectre de l’autisme, c’est qu’ils ont des difficultés à comprendre leur environnement. Qu’est-ce qu’on attend d’eux, quel va être le déroulement d’une journée etc. C’est assez anxiogène pour un enfant. Quand ils sont devant leur tablette, il n’y a pas forcément besoin de comprendre comment fonctionne le monde pour comprendre comment fonctionne la tablette. Et donc, il y a quelque chose qui est moins anxiogène pour eux. Et ça peut être aussi extrêmement difficile pour les parents d’être tout le temps en train de s’adapter par rapport à qu’est-ce qu’on va pouvoir faire pour que la journée se passe bien,…qu’il n’y ait pas une crise etc. Donc forcément, quand on trouve quelque chose qui fonctionne pour ces enfants-là, à un moment donné, c’est aussi une survie. Au début, quand on rentre là-dedans, on se dit que c’est juste quelque chose pour le calmer. Et le problème, c’est que ça devient des fois difficile de l’enlever. » (Dr. Marie Schaer, Médecin responsable contre consultation spécialisé Autisme)

« Salma était dans sa bulle. La première fois qu’elle m’a vue, elle a hurlé pendant 1 heure et demi. Pleuré, crié, elle sautait et se roulait sur le canapé. Avec moi elle n’ait pas d’interaction. Elle ne me voyait pas, comme si je n’existais pas. Elle avait des difficultés à ce moment-là au niveau du langage. Elle pouvait se contenter des comptines sur une tablette. Aujourd’hui, Salma explore et découvre de nouvelles activités. Salma est née autiste, mais les écrans ont prétérités la communication, l’interaction, l’abstraction qui sont importants pour qu’elle comprenne le monde dans lequel on vit et pouvoir interagir dans le monde dans lequel elle vit. » (Laetitia Gigon Kubler, Éducatrice sociale)

Grâce [à Allah azzewejel, ndt], puis au travail de Laetitia et de nombreux thérapeutes, avec le soutien de ses parents, Salma a énormément progressé malgré son trouble . « C’est le jour et la nuit. En une année, elle a fait des progrès vraiment spectaculaires [sans les écrans]. » (Maman de Salma) « C’est un rêve en fait, moi chaque fois que ma fille prononce un nouveau mot, je suis le papa le plus heureux du monde parce que je ne m’imaginais pas que ma fille allait parler un jour » (papa de Salma)

Retranscrit par : Oum Soumeyya

Source : RTS, 36.9 – Écrans : Maman Bobo – émission datant du 27 août 2020

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